Laos


Marie Duval et Regis Gasnier dans un village du Laos
C'est pas la taille qui compte (du 19 au 22 novembre)

Le monde est petit. Figurez-vous qu'on a pris le touk-touk avec Monsieur Parisse, mon prof de physique-chimie, celui de seconde, rappelez-vous, les moles. Puis on retrouve Marco, un gaillard québecois de 2m01, genre vigoureux trappeur canadien. Représentants en bonne humeur, on fait du porte à porte chez les Tai, Yao, Khmu et Akha, petits bonshommes peuplant les montagnes, bananeraies et champs de cannes. Ils nous invitent avec grande classe dans une maison basse aux petits tabourets, à partager un gigantesque bol de gras et un verre de sang frais. Marco est pas à l'échelle. Il se cogne la tête, ses jambes dépassent mais "c'est vraiment le fun pis toute ces affaires, pis la patente, c'est malade, ils sont super fins..." Donc on sympathise autour du Lao Lao qui aurait, à en croire leur langage corporel, des vertus aphrodisiaques et la faculté d'allonger... l'orgueil masculin. Akhas, Français de France ou du Canada, même combat. Mais au final, c'est pas la taille qui compte, c'est le sens commun.

Regis Gasnier et Francois Bellouard nourrissent les moines a Luang Prabang
Feed your monk (du 16 au 18 novembre)

Luang Prabang, 19h. On retrouve Bellou avec la ferme intention de "nourrir les monks", selon sa propre expression. Resto, jeu de dames et Beerlao, il est déjà 3h, heure à laquelle apparaîssent nos cantinières partenaires. Une brigade de choc composée d'une jeune allemande qui "rentre du bowling"  légèrement perturbée, de "Bill from Walls" qui mange, dans son coin, les bananes destinées aux "frères", et d'Agnès de Valence qui soutient que "eh, la jeunesse, j'ai  déjà fait le tour de la terre, avec mon balluchon, et je suis née en 1935, de janvier, en plus,...!" 4h... 5h... 6h... 7h... Ah, les voilà, après un peu de désinvolture s'impose à nous une petite pression ; une centaine de moines plus ou moins bien rasés s'approchent à tatons. Alors, notre fière équipe dépose les boulettes, comme aux répétitions ; faut pas se planter sinon c'est le bouchon. 8h, les moines regagnent leurs pénates, et nous, nos édredons...

Tubing au Laos, a Vang Vieng

Ange ou démon ? (du 10 au 15 novembre)

Vang Vieng. Vieng Vang. Le Yin. Et le Yang. Côté pile, Vang Vieng la bucolique. Auréolée de pains du sucre, ce paradis terrestre dévoile avec pudeur ses eaux turquoises. A vélo ou en rando, des esprits sains dans des corps qui le sont tout autant. L'air est pur, la nature préservée et fleurie. Côté fesse, Vieng Vang l'alcoolique. Dans ce reflet inversé, seul est fleuri le langage employé. Paresse, orgueil, luxure, gourmandise, colère, avarice et envie : "buy 1 get 1 free". Assez pour se brûler les ailes et, au passage, quelques neurones. Bikinis, pecs, shooter et tatouages. Les bouées ne peuvent éviter le naufrage. Déroutant, voire déconcertant. Vieng Vang. Vang Vieng. "Ange ou démon ? Es-tu mon ange ou mon démon ?"

Le con de la crypte (du 8 au 9 novembre)

Ni une, ni deux, on plonge sous la surface de la terre pour Kong Lo Cave, 7000 mètres de galeries souterraines, soit 3 heures dans le noir complet... Jusqu'à cet improbable interrupteur situé là, en bas à gauche, sur la paroi. Alors, comme Miss France chaque année éclaire les Champs-Élysées pour les fêtes de fin d'année, on clique sur le bouton estampillé "EDF - Electricité De France" et apparaît devant nous, la cave illuminée : une cathédrale de pierre, sans autre bruit que celui de l'eau et de l'air. A droite, un imposant orgue macabre. A gauche, une crèche minérale. Au dessus, une nef de plus de 100 mètres de haut. Une atmosphère de monastère, un espace béni par la nature même, un lieu sacré avec, en son centre... "Mais qu'est ce qu'il fait ?!" Notre accompagnateur, tout sourire, qui plotte une stalactite, pour nous faire marrer. "Rrrrroh le con. Merci d'éteindre quand t'auras terminé !"

Transports au Laos

9 h, 36 mins, 14 secs. (du 6 au 7 novembre)

Question. Combien -"virgule"- le bus au départ de Don Det -"virgule"- roulant à une vitesse moyenne de 57 km/h -"virgule"- mettra-t-il de temps pour rallier Na Hin -"virgule"- distante de  274 kilomètres -"point d'interrogation".

Réponse. Très exactement 9 heures 36 minutes et 14 secondes. Quoique déconcertant d'absurdité, ce résultat défiant les lois de la logique, des probabilités et des statistiques, et que les plus éminents scientifiques occidentaux accusent, est pourtant exact. Car c'est sans compter une inconnue qui validera cette équation saugrenue, cette formule farfelue. Certains, précédemment cités, désignent ce phénomène de relativité. Ici, les experts appellent cela, le LAO TIME, ou Bo Pegneng, dénominateur commun et théorie majeure de la vie laotienne, solution arithmétique imparable, somme des gentilles combines, petits arrangements et discrets compromis. Vous êtes désormais prévenus, alors prévoyez large si vous décidez de prendre cette douce tangente.

Ile de Don Det au Laos

L'archipel aux 4000 zizis (du 2 au 5 novembre)

Du pays au million d'éléphants, nous n'en avons vu que la trompe. Effectivement, en arrivant à Don Det, ce qui nous a sauté aux yeux, ce sont les zizis. Ils semblent pousser comme, par chez nous, les bolets ou les morilles, après une forte pluie. Des villes ou des champs, sur terre ou dans l'eau, les zizis sont partout. En kayak et à velo, nous sommes encouragés d'une Ola spontanée de jeunes supporters dans leur plus simple appareil, battant aux vents avec aisance le pavillon de l'innocence. Une volée de dindons sur notre gauche. Un paquet de nougats sur notre droite. Assez d'inspiration pour convaincre Pierre P. de rajouter un couplet à sa chanson. Trop, trop, trop, nous en savons désormais trop sur le zizi.