Mexique

Régis Gasnier et Marie Duval à Real de Catorce au Mexique

Les cowboys et les indiens (du 6 au 7 août)

Tu vois, le monde se divise en deux catégories : ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui ont un arc bandé. On fait halte à Real de 14, peuplé de vaqueros tout à la fois cowboys et indiens, un hameau uniquement accessible par un long boyau de mine d'or désaffecté. Ici, bons, brutes et truands à la barbe de 3 jours/2 nuits en demi-pension et leurs femmes, qui évoquent davantage l'ainé des frères Dalton  qu'une danseuse de French Cancan, font l'étalage de portraits de Julia R. et de Bradd Pitt, stars hollywoodiennes venues tourner quelques scènes dans ces ruelles qui sentent le poney et où les chiens affamés errent à la recherche d'un moignon de maïs à ronger. Au saloon, triste image d'un cowboy, autrefois fringant désomais alcoolique, qui dégaine son litron plus vite que son ombre. Pas plus de chance du côté d'un jeune indigène qui, aux portes du désert, nous dégote un peyote, cactus hallucinogène... Désenchantement pour les grands enfants au visage pale, Malboro et calumet, les cowboys et des indiens ne sont plus ce qu'ils étaient.

Marie Duval et Régis Gasnier, Lucha Libre au Mexique, Puebla

Au bal masqué (du 29 juillet au 5 août)

Au pays des révolutionnaires Pancho Villa, Marcos et Zapata, la lutte pour la liberté fait place à la lucha libre. Dans un hangar enfumé aux néons acides, se cognent d´étranges super héros masqués sortis tout droit de bandes dessinées. De lycra vêtus, les mauvais garçons font leur entrée sur une musique endablée renvoyant Superman et autre Capitaine America au rang d´enfants de coeur. Au son des tambours, la foule crie, vocifère, insulte, "Matale !", le poing en l´air. Une thérapie de groupe, un éxutoire pour les supporters des tecnicos, les gentils, ou des rudos, les vilains. Sur-proteïnés aux blancs d´oeuf, derrière leur loup, Máximo, Kráneo, El Sagrado et Ángel De Oro font ce qui leur plaît, leur plaît. De Headscissors Takedown en Hurricanrana, de Moonsault en Suicide Dive, un arbitre à bretelles qui peine à faire respecter les quelques règles sur et hors du terrain. "Hey, matte un peu, il vient de lui lancer le nain !"

Marie Duval autour du monde, pêche à Puerto Angel au Mexique

Un poisson nommé Tuna (du 23 au 28 juillet)

Forts de notre "premier hameçon" obtenu avec succès sur le fretin cambodgien dix mois auparavant, on prend rencard avec Marcos, notre indique, sur les docks de Puerto Angel pour, nous assure-t-il, un très gros coup. La mer est calme, on part à l´aube, le levant donnant peu à peu sur une barrière de falaises escarpées où les frégates trouvent refuge, les dauphins chassent et les tortues s´acoquinent. Un cadre idyllique. D´aucuns n´auraient pu imaginer se trouver sur une scène de crime. Personne à l´horizon, on lance le rapala, ça mord, on ferre et on remonte à bords une dizaine de bonites et un poisson nommé Tuna. 1,2,3, poisson se débat. 4,5,6, commence le supplice. 7,8,9, sur nos habits neufs. 10,11,12, le sang éclabousse... Ni une, ni deux, Marcos, un bougre pourtant simple et habituellement si gentil, empoigne un gourdin et les assomme un à un. Et on n´a pas de mobile. Complices, on efface les empreintes à l´eau de mer pour ne laisser aucune trace de ce massacre. On emporte les preuves et l´arme du crime. Mouillés jusqu´au cou dans cette affaire, nous nous ferons un plaisir de faire disparaitre le corps des victimes. Avec du riz et en tranches fines.

Régis Gasnier passe la frontière Guatemala Mexique

Jeu sans frontière (du 18 au 22 juillet)

Mercredi 18 juillet 2012. Frontière Guatemalteco-mexicaine. Un combi chargé de sept hondureniens nous dépose au coeur de la jungle ou un douanier grassouillet nous oblitère le passeport contre un backshish tout aussi rondelet. On traverse en lancha un no man´s land le temps de changer de monnaie, de fuseau et d´accent pour se faire tamponner le laisser-passer par un officiel mexicain et ainsi réapparaitre à la face du monde. Puis on embarque dans une camionnette qui récupérera nos amis hondureniens, un peu plus loin. Comme nous, ils vont aux Etats-Unis d´Amérique où les attendent des amis. Les yeux en l´ air, sourire aux lèvres, ils regardent ces paysages nouveaux défiler, en passant un à un, et sans un mot, les barrages tendus par l´armée. Leur prochaine étape, un train de marchandises gigantesque à Mexico D.F., dans lequel plus de 2000 compatriotes les attendent afin de rallier le Texas, eldorado conservateur et premier employeur. En évitant la case prison. Le doyen de ces clandestins (huit ruées vers le billet vert à son palmarès), nous dit gagner en 15 minutes l´équivalent dans son propre pays d´une journée de labeur. A ses frais, le billet de bus à travers le Mexique, l´Oncle Sam lui assurant, par avion, un retour gratuit. "Suerte, que le vayan bien !". On les lâche quelque part, sur la route, en espérant que tout le monde réussisse à passer la prochaine...